DES 4 CV TRES SPECIALES

     La 4 CV a durant sa carrière servi de base à de nombreux préparateurs, petits constructeurs et carrossiers. Nous aborderons ici des modèles dont la forme a été entièrement retravaillée,  la mécanique souvent améliorée, et dans lesquels il n'est pas toujours facile de reconnaître la 4 CV. Voici donc  6 modèles plus ou moins célèbres, mais qui sont tous le fruit de la passion que cette voiture a suscitée et qui ne représentent qu'une infime partie de la production.

 

RISPAL

     Raymond Rispal (1912-1999) était mécanicien, mais aussi coureur motocycliste. Il passa ensuite dans les années 50 à la course auto, sur des 4 CV 1063. En 1954, il transforme une de ces 4 CV en barquette. Il l'utilise pour des courses régionales. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

    

 

     La carrosserie de cette barquette est l'oeuvre d'un certain Sourgen. Le moteur de 747 cm3 est poussé à 52 chevaux, la boîte est à 4 rapports, la vitesse maxi est de 140 km/h. Le pilote est exactement au centre de la voiture. La barquette a été transformée en 1955 en berlinette pour répondre aux nouvelles normes de sécurité : un pavillon de Dauphine monté à l'envers ne fit rien pour son esthétique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

         La barquette dans sa configuration originelle est exposée au Manoir de l'Automobile de Lohéac.

 

VERNET -PAIRARD

 

     Just-Emile Vernet était mécanicien, préparateur,  Jean Pairard, industriel. Ensemble, ils conçoivent en 1952 un tank (voiture sans toit) qui bat 8 records sur l'anneau de Monthléry. La carrosserie est due à Antem, le moteur est celui de la 4 CV, préparé évidemment.

     En 1953, le tank participe aux 24 Heures du Mans, il abandonne au bout de 7 heures de course. Vernet et  Pairad sont pour leur part au volant d'un coach qui terminera dernier de la course. Ce modèle avait un pavillon très haut et donc une aérodynamique très mauvaise.  

      Au salon 1953, sur le stand Antem est présenté ce coach au pavillon surbaissé. Plutôt luxueux et sportif  ce modèle aurait pu être une version haut de gamme de la 4 CV, mais, pour une raison inconnue, Renault fit tout ce qu'il pouvait pour en empêcher la mise en production.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     Ironie du sort, c'est Renault à travers Histoire et collection qui est aujourd'hui propriétaire du dernier modèle existant de ce coach.

 

AUTOBLEU

 

     Maurice Mestivier et  Roger Lepeytre étaient deux amis passionnés d'automobile. En 1950, ils créent une société qui fabrique des tubulures pour la 4 CV . Grâce à cette transformation, la voiture ridiculise des modèles bien plus gros. Il baptisent cette société Autobleu. Rapidement, Renault est intéressé et leur achète ces éléments.

     Mais leur rêve est de devenir de vrais constructeurs. Ils s'adressent alors à un carrossier italien célèbre : c'est Ghia qui dessinera pour eux un élégant coupé, présenté en mai 1953. Bien dessiné, bien proportionné, le coupé Autobleu garde les dimensions de la 4 CV, avec un moteur légèrement poussé à 25 chevaux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     Ce premier modèle, dont la version définitive est présentée au Salon 1954, est carrossé par Guérin, qui éprouve quelques difficultés à assurer la production. On notera les 2 Klaxons qui ornent l'avant de la voiture. Ce coupé a séduit des vedettes, puisque Michèle Morgan et Luis Mariano en possèderont un. Les coupés étaient régulièrement entretenus par le réseau Renault.

     A partir de 1956, Autobleu confie la carrosserie du coupé à Henri Chapron, qui en modifie légèrement la proue.

 

 

    

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     Mais, malgré un prix élevé, la voiture n'était pas rentable et la production cessa bientôt. On estime la production totale à 80 voitures environ, 100 selon certaines sources. Une dizaine aurait survécu.

 

BRISSONNEAU ET LOTZ

     Cette société spécialisée dans le matériel ferroviaire (wagons, autorails, métros sur pneus envisage dans les années 50 une activité automobile.

     L'idée est de partir de la plate forme et du moteur de la 4 cv, avec une carrosserie de cabriolet. On s'adresse alors à Louis Rosier, concessionnaire Renault, mais aussi champion automobile. De cette coopération naît un très joli cabriolet doté d'une carrosserie en composite, sauf pour les portes qui restent en métal. 

     En octobre 1956, Louis Rosier se tue en compétition, et la sociéte baptise alors le cabriolet de son nom. On le voit ici avec des enjoliveurs de roues qui ne seront pas conservées en série.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     L'intérieur, comme la mécanique restent très fidèles à la 4 CV. Durant les 3 années de fabrication, de 56 à 59, le cabriolet n'évoluera que par des détails (roues, baguettes). On considère que 230 exemplaires furent fabriqués. Il en resterait une vingtaine, dont très peu en état de rouler.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

ALPINE

 

     Jean Rédélé, sorti d'HEC, reprend la concession Renault de Dieppe, tenue par son père et devient le plus jeune concessionnaire de France.

     Dès 1953, il fait réaliser par le carrossier italien Allemano une carrosserie en aluminium dessinée par Michelotti, sur la plate forme de la 4 CV. Trop chère à fabriquer, il abandonne le projet, et se tourne vers la résine. Les établissements Chappe établissent un moule mais l'élégance du dessin de Michelotti disparait dans l'entreprise.

     Toutefois, l'Alpine A 106 est née. Sa fabrication débute en janvier 55. Elle est présentée au Salon de 1955.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     La voiture reprend intégralement la plate forme de la 4 CV. Sa fabrication reste au début  très artisanale, utilisant un maximum d'éléments Renault : les premières A 106 avaint ainsi pour pare brise... une lunette arrière de Frégate. Bouchon de réservoir, charnières, feux arrières viennent de la 4 CV, comme de nombreux autres éléments. La préparation des moteurs se fait à la demande des clients, qui utilisent souvent la voiture en compétition. La mécanique de base est celle de la 4 CV 1060.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     L'Alpine A 106 fut produite de 1955 à 1960. Sous cette forme de coach, 251 voitures ont été produites.

 

RENAULT

 

     Pour terminer cette revue bien incomplète, faisons un bond dans le temps jusqu'en 1996, année où Renault célèbre les 50 ans de la 4 CV avec le concept car FIFTIE. Celui ci, soyons clairs, n'a plus rien a voir avec la voiture qu'il évoque : plate forme du spider, moteur central arrière de 60 chevaux, boite 5.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     Mais reconnaissons que le bureau de style a su magnifiquement évoquer l'ancêtre à travers cette deux places à toit ouvrant, dont la couleur évoque les premières 4 CV "motte de beurre". Nous fûmes nombreux à tenter d'estimer quel  serait son prix de vente si Renault se décidait à la commercialiser, et à rassembler nos économies dans cette attente. Hélas, nous attendons toujours.

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